Devant ce mépris (j'espère me tromper), je poursuis ma quête d'une personne, une seule, qui entendra la souffrance des habitant, et retroussera ses manches !
Aujourd'hui, ma lettre s'adresse au Commissaire de Police. "Face à l'insécurité, je vous appelle à une mobilisation sans précédent".
Monsieur de Commissaire
Commissariat de Police d’Aubervilliers
22 rue Léopold Réchossière
93300 – Aubervilliers
Aubervilliers, le mardi 13 septembre
2016
Objet : Lettre ouverte au Commissaire d’Aubervilliers « Face à l’insécurité, je vous appelle
à une mobilisation sans précédent »
Monsieur le Commissaire,
J’ai appelé vos services, déposé une
main courante sous la recommandation de vos agents (il semble que j’ai eu de la
chance, déposer cette main courante ne m’a pris que 1h45, ce qui ne pourra se renouveler
qu’exceptionnellement, une telle durée étant incompatible avec mon activité professionnelle([1]))
Que dire ?
La petite cité des Ponceaux, au 48 rue Crèvecœur,
est victime de la main mise d’une bande de jeunes, bruyante, indisciplinée, et
parfois explosive…
Ils sont de 5 ou 6 à une trentaine à s’installer,
jour après jour, particulièrement dans le hall ouvert de l’escalier 6. Au
début, le mois dernier, il s’agissait de rassemblements impromptus et irréguliers.
Ils sont maintenant biens ancrés sur ce « territoire », qu’ils
considèrent comme le leur.
Les habitants, eux, subissent, ils se
terrent pour la plupart dans la crainte et l’inquiétude. Certains ont appelés
le commissariat, la police municipale. Êtes-vous passés ? Je n’en sais
rien, en tout cas le résultat est nul !
Alors qu’ils ne représentaient rien, et
qu’un simple rappel à l’ordre aurait suffi à régler ce qui n’était alors qu’un
incident, il faudra maintenant déployer des trésors de bonnes volontés, d’interventions
régulières, pour ne pas dire permanentes !
Quel autre choix ? Vous ne pouvez
laisser un nouveau point de rassemblement se créer, favorisant les dégradations
- à terme les agressions - sans parler des trafics qui selon les dires des
habitants, sont courants ?
Ils dégradent la cité, se poursuivent bruyamment
à pied, en vélib, en scooters, en moto. S’installent sur les véhicules, ont
cherché à 2 reprises à voler ma moto.
Ils aménagent et accaparent l’espace
public avec des chaises, tables, canapés.
Peu visibles de la rue, ils sont libres
d’organiser leur vie, au détriment de la sérénité et de la sécurité des
habitants.
En quelques semaines, d’une cité calme,
ils ont réussi à faire un lieu invivable.
Pas d’agression pour l’instant, qu’une
accumulation d’incivilités ; à quoi aboutiront-elles ?
Les responsables politiques sont
alertés, la police nationale et municipale également. Pour l’instant, rien ne
change, au contraire les jeunes s’installent, pérennisent leur emprise sur la
cité.
Démarche classique que vous connaissez certainement
parfaitement. Et vous savez également que chaque jour perdu à ne rien faire,
renforce cette bande dans sa capacité de nuisance, et rend plus invivable la
vie des habitants.
Je sais que vos effectifs sont
insuffisants, malgré leur bonne volonté. Je sais que les moyens accordés sont
trop faibles. Je sais que patrouiller une fois de temps en temps est improductif,
inutile.
Alors, pourquoi ne pas prendre le
taureau par les cornes, et profiter de la taille modeste de cette cité, de l’installation
récente des perturbateurs, pour mettre en place des actions concrètes avec l’ensemble
des acteurs du territoire : OPH, services sociaux, services éducatifs,
police municipale, etc… pour créer et inventer des méthodes d’actions
novatrices et efficaces ?
On ne peut admettre que 10, puis 20,
puis 30 jeunes s’installent impunément dans une cité en ruinant la vie de ses
habitants, en développant une société parallèle, et certainement une économie parallèle
florissante.
Comme je l’ai fait pour le Président du
Conseil Départemental, la Maire de la commune, le Président de l’OPH, je
rendrais cette lettre publique. Chacun est alerté : il faut agir,
intervenir, et réussir !
Même si je me doute de la complexité de
la tâche, et qu’on ne peut vous demander l’impossible, je ne doute pas non plus
que la convergence de bonnes volontés compétentes puisse faire des miracles !
Et il faut réussir sur 2 tableaux :
le retour au calme et à la tranquillité dans la cité, et l’accompagnement des
jeunes et de leurs familles. Sinon, comment finiront ils ?
Je ne peux me résoudre à penser que les
services publics et la force publique sont incapables de régler ce problème qui
reste encore relativement facile à résoudre !
Qu’il suffit à des délinquants, ou prédélinquants,
de décider quels quartiers, quels territoires ils annexent, placent sous leur
contrôle sans provoquer aucune réaction tangible des autorités.
Je ne peux me résoudre à voir la vie des
locataires se dégrader, par le seul manque de volonté et de détermination de
chacun des acteurs territoriaux, chacun en l’occurrence considérant qu’il n’a
pas les moyens d’agir, ou que, pire encore, ce n’est pas à lui de le faire !
Ainsi, la police municipale ne s’estime
pas en nombre suffisant pour venir, la police nationale considère qu’elle ne
doit intervenir que la nuit, le médiateur de la nuit lui, ne réponds pas au
téléphone ! Le Conseil Départemental, la mairie, l’OPH n’ont pour l’instant
même pas accusé réception de mes alertes !
Moi, je crois que si en concertation,
chacun agit sans cesse, il sera possible de gagner la bataille des espaces
publics partagés, respectueux et solidaires. Cela ne se peut qu’avec des
actions volontaires et continues, jusqu’à ce que le calme soit rétabli. La
réussite dans cette cité mettra en évidence des méthodes, des capacités à
lutter contre le climat ambiant délétère qui s’est installé et continue de se répandre
à Aubervilliers.
Dans l’espoir que vous pourrez, et saurez
trouver les moyens et méthodes d’interventions efficaces, je vous prie d’accepter,
Monsieur le Commissaire, mes sincères salutations.
RL
[1] Anecdote :
Il y a bien longtemps, j’accompagnais des jeunes au Quebec, pour une
participation à une exposition scientifique internationale. L’un d’eux,
espagnol, a perdu son passeport. C’était avant l’ouverture des frontières, et
je m’interrogeais sur son retour en France, ne serait-il pas reconduit en Espagne ?
J’ai appelé, d’une cabine de l’université Laval où nous étions hébergés, la
police.
Je n’avais pas raccroché le téléphone qu’une voiture
de police venait à moi, muni des documents nécessaires. L’enregistrement de la
perte du passeport a été réalisé sur place, les adresses des ambassades
données, et les explications sur les procédures administratives immédiatement fournies
avec précision et efficacité. Cela dans une atmosphère de respect, de service
public hyper-opérant ! « no comment »
Cher Roger,
RépondreSupprimerJe te remercie pour ces échanges, auquel j'avais répondu sur ton blog mais pas sûr que mon message soit passé. Concernant les nuisances à Aubervilliers, que je connais bien (habitant le quartier des 4 chemins), j'ai personnellement jeté l'éponge. Je m'étais également fendu d'un courrier à Mme la Maire d'A. et à M. le Préfet de la S.S.D. au printemps dernier pour témoigner d'un vol non dissimulé au Franprix de la rue des Postes, où une bande d'ados était rentrée dans le magasin et était ressortie 2 minutes plus tard les poches et les mains pleines sans que personne ne fasse rien. La caissière chinoise (c'est important de le souligner) m'avait alors dit qu'elle ne le signalait jamais car sinon, elle était attendue et agressée le soir à la sortie du magasin.
Ayant donc relaté cette histoire à nos autorités, je n'ai jamais eu un seul retour, ni même un accusé de réception d'un quelconque service. Et je suis par ailleurs bien trop occupé pour leur courir après. Je partirai donc l'année prochaine pour rejoindre des quartiers plus bourgeois. De toute manière, je n'aime plus cette ville sale, mal fréquentée et mal gérée. C'est bien dommage car effectivement elle a un beau passé ouvrier.
Je ne sais pas si ce message te fera te sentir moins seul, mais en tout cas je soutiens ta démarche.
Amitiés,
B.